Colloque du GES en juin 2015 - Appel à communications
Colloque annuel du Groupe d’Études Sartriennes
19 & 20 juin 2015
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Appel à communications
Le Groupe d’Études Sartriennes se propose, pour son colloque annuel qui aura lieu les 19 et 20 juin 2015 à la Sorbonne, d’organiser une série de conférences sur les thèmes suivants :
Ecrire, militer, s’engager : les styles de Sartre
La théorie de l'engagement développée dans l'après-guerre est l'un des aspects les plus fameux et les plus controversés de l'œuvre de Sartre. Souvent interprétée comme une injonction lancée aux écrivains, alors que l'engagement est pour Sartre un état de fait découlant de la nature même de l'acte d'écrire, elle n'a cessé de poser la question de la conciliation complexe d'une telle conception et de la préoccupation proprement littéraire : l'écriture, le style, la recherche esthétique et le déploiement de l'imaginaire seraient-ils vraiment négligés par l'auteur de Qu'est-ce que la littérature ?
L'engagement et la littérature, insiste cependant Sartre, et c'est cette relation que le Groupe d'Etudes Sartriennes entend interroger lors de son prochain colloque. On oublie trop souvent ces lignes : "Si {l'art d'écrire} devait se muer en pure propagande ou en pur divertissement, la société retomberait dans la bauge de l’immédiat, c’est-à-dire dans la vie sans mémoire des hyménoptères et des gastropodes." A travers l’examen de sa théorie mais aussi et surtout de sa pratique singulière du style et de la littérature, il s’agira donc de donner un sens à cette mise en garde de Sartre lancée dans la Présentation des Temps modernes : "Je rappelle, en effet, que dans la “littérature engagée”, l'engagement ne doit, en aucun cas, faire oublier la littérature et que notre préoccupation doit être de servir la littérature en lui infusant un sang nouveau...".
Dès lors, de nombreuses questions se posent : y a-t-il chez Sartre une écriture propre à l'engagement, voire une écriture militante présente notamment dans les textes des Situations, qui coexisterait avec une écriture "désengagée" telle qu'on pourrait être tenté de la trouver dans un ouvrage tel que La reine Albemarle ? Si l'on reconnaît à Sartre non un style unique mais des styles, comment penser ces derniers en relation avec le lecteur particulier visé par Sartre et avec les intentions qu'il poursuit ? En définitive, la question de l'engagement, omniprésente jusque dans les études sur Mallarmé, Genet ou Flaubert, est celle du rapport complexe de Sartre avec la notion même de "littérature" et du statut qu'il confère à celle-ci.
Le Saint Genet : morale, éthique, politique
Publié en 1952 en guise de préface aux Œuvres complètes de Jean Genet chez Gallimard, Saint Genet, comédien et martyr est aussi une étape singulière dans le parcours de Sartre, et l’une des biographies existentielles majeures. Elle mérite d’être interrogée de ce double point de vue.
D’une part, on peut l’envisager comme œuvre de transition entre L’être et le néant et la Critique de la Raison dialectique, où l’on voit se transformer les questions de la philosophie existentielle en direction d’une pensée historique et politique, et résolument dialectique : le problème de la liberté comme libération à travers, notamment de l’exploration renouvelée du rôle de l’altérité — non seulement sous la figure d’un autrui particulier, mais aussi sous celle de la division sociale, historiquement constituée — dans la dynamique du rapport à soi ; le problème de la « valeur » et de la constitution du désir à travers l’exploration du rôle de normes morales socialement constituées — l’ouvrage trouvant ici sa place entre les Cahiers pour une morale et les conférences sur Morale et histoire.
D’autre part, en tant que biographie existentielle, elle constitue un terrain de développement riche et concret de la perspective sartrienne sur la subjectivité. Le désir double, et impossible, de la souveraineté et de l’essence, ici saisi dans son affrontement à la matérialité du monde et du langage, s’avère néanmoins le moteur d’une révolte éthique où l’homme Genet transforme, non seulement lui-même, mais aussi le monde — la conquête d’une écriture poétique, c’est la possibilité de tendre un piège aux Justes, d’entraîner les hommes de bien dans une expérience où l’écrivain, sophiste et « héros de ce temps », compromet son lecteur dans la profanation des vérités morales et sociales. Si le souci de Genet rencontre opportunément la réflexion morale de Sartre à la fin des années 40, la philosophie existentielle y découvre, en retour, un matériau historique singulier (l’enfance, les institutions disciplinaires et judiciaires de la modernité, la délinquance et le crime, les sexualités non conformes), sur lequel s’élaborent quelques grands schèmes de ses futurs essais politiques, ici liés de façon directe à la dimension proprement éthique de la pensée sartrienne.
A partir et au-delà de ce double questionnement, on peut interroger la façon dont se nouent ici l’une à l’autre philosophie et biographie existentielle. Mais la relecture de Saint Genet, comédien et martyr pourrait aussi être l’occasion d’explorer à nouveau les relations de la philosophie avec la littérature chez Sartre — celle-ci non pas seulement comme objet ou support de réflexion, mais comme technique d’écriture pour un philosophe qui œuvre véritablement dans les mots de son auteur et les travaille de façon à les tourner en concepts pour produire, au final, un ouvrage de très grand style.
Varia
Les personnes intéressées à présenter une communication originale sur un sujet ne relevant pas des thématiques choisies peuvent également envoyer leur proposition.
Les propositions de communication sont à faire parvenir aux secrétaires du GES pour le 10 mars 2015. Les communications ne devront pas excéder 30 mn.
Prière de faire parvenir vos propositions de communication (titre et résumé en un paragraphe) à l’adresse électronique personnelle des secrétaires, et non à l’adresse du GES. En cas d’envoi postal, merci de les adresser à Florence Caeymaex.
Président du GES :
Michel Contat
(contat.michel@wanadoo.fr)
Secrétariat du GES :
Alexis Chabot (alexis.chabot@orange.fr)
Florence Caeymaex (F.Caeymaex@ulg.ac.be)
7, Pl. du XX août (A1) 4000 Liège (Belgique)
Site : http://ges-sartre.fr/